« Si je n’étais pas allée à l’école, je ne sais pas ce que je serai devenue », Aissatou Condé de la CJCVF

Une jeune fille éduquée présente une meilleure santé mentale, de meilleures perspectives professionnelles, et les conséquences sur la société sont positives, telles que la baisse de la pauvreté ou bien celle des violences basées sur le genre. KadiFM a rencontré Aissatou Condé, responsable des programmes de la Coordination des jeunes Cadres Volontaires pour le Futur (CJCVF), pour connaitre son avis sur l’importance de la scolarisation des jeunes filles en Guinée, et son impact sur la société toute entière.
KadiFM : En quoi l’éducation des jeunes filles est-elle importante pour leur bien-être ?
Aissatou Condé : L’éducation est la base de tout, chaque être humain en a besoin. Elle est une clé de bien-être physique, mental et social. Elle permet aux jeunes filles d’avoir confiance en elles, de développer leur potentiel, leurs talents. Une fille scolarisée va acquérir des compétences utiles pour son avenir et pourra trouver un bon travail. De plus, elle aura connaissances de ses droits et devoirs, ce qui lui évita de subir de nombreuses inégalités. Et les mamans en ont bien conscience. Une mère éduquée ne permettra jamais que son enfant ne soit pas scolarisé.
KadiFM : Quel est l’impact de l’éducation des jeunes filles sur la société guinéenne ?
Aissatou Condé : Une jeune fille éduquée peut apporter de nombreux bénéfices sociaux à une société, que ce soit dans la santé, l’économie… En prenant soin de sa santé mentale et physique, elle fait baisser la pauvreté du pays. En connaissant ses droits et devoirs, elle ne se laissera pas faire, luttera contre les discriminations, les violences faites aux femmes, et fera baisser les inégalités de genre.
KadiFM : Quels sont les bienfaits de l’éducation des jeunes filles pour leur famille ?
Aissatou Condé : Dans mon cas, grâce à mon niveau d’éducation, j’apporte beaucoup à ma famille dans les prises de décision. Je prends la parole, je donne mon avis et je suis écoutée. Je n’aurai pas pu m’exprimer ainsi sans éducation. Les inégalités au sein d’une famille sont alors exclues. L’éducation des jeunes filles est une très bonne chose pour elle-même, mais aussi pour son environnement familial et la stabilité de sa famille.
KadiFM : Dans votre cas, qu’est-ce que l’éducation vous a apportée ?
Aissatou Condé : C’est si important pour moi. Si je n’étais pas allée à l’école, je ne sais pas ce que je serai devenue. Je me pose souvent cette question.
J’ai étudié la gestion informatique et je travaille aujourd’hui en tant qu’assistante de direction pour une entreprise. Je suis également activiste et responsables des programmes pour la Coordination des jeunes Cadres Volontaires pour le Futur (CJCVF). Au sein de cette ONG, je gère des fonds et parviens à sensibiliser les gens autour de moi sur des causes humaines diverses. Mon éducation m’a appris l’importance de l’engagement, et m’a permis d’acquérir des compétences diverses, comme la gestion de projet, la mobilisation des ressources humaines et financières… Aujourd’hui j’ai acquis une vision globale du Monde, je comprends tout plus rapidement, et parviens à me défendre sur tous les points. Pour tout cela, je dis merci à l’école et à l’ONG.
KadiFM : Quels secteurs d’activité auront besoin de femmes dans les prochaines années ?
Aissatou Condé : Les nouvelles technologies, l’innovation, la gestion… ce sont des secteurs importants pour les femmes, et porteurs pour l’avenir. Les femmes devraient aussi s’intéresser davantage à la santé, un secteur porteur et dont le bon développement va beaucoup bénéficier aux filles et aux femmes.
KadiFM : Que dire aux parents / autorités / leaders religieux pour les convaincre de scolariser le plus longtemps possible les jeunes filles ?
Aissatou Condé : Les autorités commencent à comprendre l’importance de l’éducation des jeunes filles pour la Guinée, pour notre futur à tous.
Je voudrais demander aux autorités de mettre tout à disposition des jeunes filles pour qu’elles poursuivent leur éducation. En effet, un environnement favorable est nécessaire pour ne pas que les jeunes filles se découragent. Dans certaines localités éloignées, par exemple, les jeunes élèves doivent parcourir plusieurs kilomètres pour étudier ; c’est compliqué, notamment pour les jeunes filles. Il est donc indispensable de créer des environnements propices, de monter des écoles ou lieux de formations de proximité, pour que les jeunes filles trouvent le courage d’aller jusqu’au bout.
Propos recueillis par Marion Bouche pour KadiFM