Guerre au Soudan : des violences sexuelles perpétuées

19 Juin
  • Juin 19, 2025

Le 19 juin est la Journée internationale pour l’élimination de la violence sexuelle en temps de conflit. A cette occasion, KadiFM met en lumière les violences sexuelles généralisées au Soudan tout au long des deux années de guerre civile.

 

Viols, viols en réunion, esclavage sexuel ont été commis entre 2022 et 2024 par les paramilitaires des Forces de soutien rapide. Les victimes ? Des femmes, des jeunes filles, des enfants subissant déjà la guerre, et en proie à des violences sexuelles généralisées. Les atrocités commises par cette force paramilitaire ont souvent pour objectif d’humilier les victimes, d’asseoir leur contrôle, de faire fuir des populations en semant le chaos. « Les attaques des Forces de soutien rapide contre des femmes et des filles sont répugnantes, honteuses et destinées à infliger une humiliation maximale. Les Forces de soutien rapide ont pris pour cible les civil·e·s, plus particulièrement les femmes et les filles, leur infligeant une cruauté inimaginable pendant cette guerre », a déclaré Deprose Muchena, directeur régional pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe à Amnesty International.

Dans son rapport du 10 avril 2025 intitulé « They raped all of us : Sexual violence against women and girls in Sudan », Amnesty International dénonce les viols de 36 femmes et filles, dont certaines n’avaient que 15 ans, entre avril 2023 et octobre 2024, un cas d’esclavage sexuel imposé à une femme à Khartoum (la capitale du Soudan, ndlr) pendant 30 jours, des actes de torture au moyen de liquide brûlant ou de lames aiguisées, ainsi que des homicides.

Amnesty International relate quatre témoignages :

 

  • À Nyala, dans le sud du Darfour, des soldats des Forces de soutien rapide ont attaché une femme à un arbre, puis l’un d’eux l’a violée pendant que les autres regardaient. « Ce fut le jour le plus horrible de ma vie », a-t-elle a déclaré.
  • À Wad Madani, dans l’État d’Al Djazirah, trois combattants des Forces de soutien rapide ont violé en réunion une femme devant sa fille de 12 ans et sa belle-sœur. « C’était tellement humiliant », a déclaré la femme, « Je me sens détruite. »
  • Des professionnelles médicales ont déclaré que des troupes des Forces de soutien rapide les violaient si elles ne parvenaient pas à sauver les soldats blessés. Une infirmière a ainsi déclaré que 13 soldats l’avaient enlevée à Khartoum-Nord et l’avaient forcée à traiter des hommes gravement blessés, avant de la violer en réunion, la laissant inconsciente.
  • Certaines victimes ont déclaré que les personnes qui s’opposaient aux viols risquaient d’être frappées, torturées ou soumises à d’autres mauvais traitements, voire tuées. Ainsi, un garçon de 11 ans qui avait essayé d’aider sa mère a été frappé à mort par un soldat des Forces de soutien rapide.

 

Toutes ces violences constituent des crimes de guerre et de possibles crimes contre l’humanité. Malheureusement, en cas de conflit armé, les responsables de violences sexuelles ne craignent souvent aucune punition, et ne prennent même pas la peine de dissimuler leurs crimes.

La guerre civile opposant les Forces de soutien rapide (FSR) aux Forces armées soudanaises (FAS) a éclaté en avril 2023 au Soudan et a fait déjà des dizaines de milliers de morts et entraîné le déplacement de millions de personnes. Les deux parties ont commis de graves violations du droit international humanitaire, dont certaines constituant des crimes de guerre, notamment des violences sexuelles contre des femmes et des filles.

 

Marion Bouche pour KadiFM

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